Génération perdue : Grandir sur du Goldman.

Jean-Jacques Goldman, si parmi toi quelqu’un a échappé à son règne musical durant son enfance qu’il lève la main.


Perso, non seulement j’en ai bouffé par paquet de douze, mais j’ai dû me coltiner au moins trois concert (COUCOU MAMAN).

Le secret de JJ ? Bah des mélodies simples et des fins de vers qui riment (ça raconte vaguement un truc entre les deux, mais c’est pas toujours flagrant).

DU VIEUX PAIN SUR SON BALCON (rien que le titre déjà t’es à Aubervilliers et tu imagines un ersatz de Madame Rosa en blouse 80% polyester)

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Faut quand même avoir plus ou moins que ça à foutre (à l’époque Twitter n’existait, on s’occupait comme on pouvait)… Et y croire très fort pour que ça fasse un tube. C’est un peu comme si j’écrivais sur l’art d’étendre du linge. Je sais pas si tu vois le poids du propos quoi.

Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision

La chanson date de 1985 (j’ai vérifié, j’étais bien encore vierge à cette époque) (aucun rapport avec la chanson). En 1985 Marty, les programmes télé c’était genre Tournez Manège, Télématin, Gym Tonic, Petit Théâtre de Bouvard, Dallas et Dynastie. Autant dire quelle cherchait l’amour en apprenant à cuisiner les tripes à la mode de Caen sur des blagues de Jean Yanne en arborant un brushing improbable. Et tout ça par procuration.

Lever sans réveil, avec le soleil
Sans bruit, sans angoisse, la journée se passe

Levée avec le soleil.. Ouais ça colle impec avec l’horaire de Télématin. Ma théorie s’étaye gentiment. Nous sommes bien en présence d’une personne chiante.

Repasser, poussière, y a toujours à faire
Repas solitaire, en point de repère

Je suis assez d’accord avec le fait qu’il y a toujours à faire (comme RIEN par exemple), par contre j’ai pas vu l’ombre d’une table à repasser depuis 1998. Et surtout, j’arrive pas trop à faire le lien entre le fait de bouffer seule et le fait que ça soit un repère. Lecteur, si tu déjeunes tout seul comme un iench aujourd’hui, bah c’est un repère, sache-le.

La maison si nette, qu’elle en est suspecte
Comme tous ces endroits où l’on ne vit pas

Bon je tiens tout de suite à te rassurer, chez moi c’est super pas suspect, c’est bien simple si tu te coupes avec un truc, tu choppes le tétanos. Le prix à payer comme dans ces endroits où on vit finalement.

Les êtres ont cédés, perdu la bagarre
Les choses ont gagné, c’est leur territoire

Il y a deux minutes, la baraque était nette et là on est envahit par le bordel. Je pense que tout simplement JJ s’est dit que ça rimait (et c’est vrai, reconnaissons-lui ça) et que ça parlerait à tout le monde comme ça (les bordéliques et les maniaques) (faut suggérer le thème de la chanson à C’est du propre). Nous sommes donc en présence d’un texte dit consensuel.

Le temps qui nous casse, ne la change pas
Les vivants se fanent, mais les ombres pas

Comme quoi rester cloitré chez soi dans un bordel nickel à mater Côte Ouest ça conserve (ils se sont bien gardé de nous le dire chez Séphora). Si quelqu’un pouvait filer le tuyaux à Meg Ryan avant qu’elle se fasse du mal…

Tout va, tout fonctionne, sans but sans pourquoi
D’hiver en automne, ni fièvre ni froid

Force m’est de constater que 26 ans plus tard, je ne comprends toujours rien à cette phrase. Je sais pas, peut-être est-ce un clin d’œil à Jérôme Bonaldi, des fois ça fonctionne, on sait pas pourquoi.

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Alors qu’en gros tout Paris cherche un moyen d’éradiquer cette espèce insupportable (on en fait même des sites, c’est dire à quel point cet être est mal-aimé). La chieuse quoi.

Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision

J’ai le sentiment étrange et pénétrant que c’est un peu le thème de la chanson, la meuf qui se fait chier devant Amour, Gloire et Beauté et qui n’a pour amis que des pigeons.

Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s’étale
Mais finalement de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal

Alors si tu peux me dire de quoi on parle ? il n’y a pas trente secondes on se faisait chier devant la télé avec des pigeons au cholestérol douteux et là, les scandales mais tout de même c’est normal.

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Image mentale du pigeon obèse qui te pètes les noix sur ton rebords de fenêtre…

Des crèmes et des bains qui font la peau douce
Mais ça fait bien loin que personne ne la touche

Bon elle se lave, good point. Perso j’avais assez rapidement calculé le tempérament de peine à jouir (ça crève les yeux, quand t’as une table à repasser et que de moins pire en banal tu trouves ça normal). Revenons sur la syntaxe de la phrase suivante « ça fais bien loin que personne ne le touche », QU’EST-CE-QUE C’EST QUE CETTE EXPRESSION JEAN-JACQUES ? Je sais pas, quelqu’un a déjà dit « ça fait bien loinsque je ne me suis pas épilé le maillot » ou encore « ça fais bien loin que je fais ceinture » ? Excepté en zone rurale (et encore, j’ai déjà mis les pieds dans le 17e et je n’ai jamais entendu cette expression).

Des mois des années sans personne à aimer
Et jour après jour l’oubli de l’amour

C’est un peu injuste pour Tourner Manège.. C’est pas comme si Charlie Oleg, Éveline et Fabienne s’étaient pas fait chier la bite pour nous faire rêver pendant toutes ces années. En même temps, la meuf à l’air rigoureusement chiante dans son intégralité. Moi demain tu me dis « Viens vivre à Aubervilliers on matera Une famille en or en filant de la brioche Pasquier aux pigeons de notre fenêtre ». Je peux d’ores et déjà te dire que dans le meilleur des cas, je t’aplatis ma main dans la gueule en guise de représailles.

Ses rêves et désirs si sages, et possible
Sans cri, sans délires sans inadmissible

Oui bah vouloir tirer un coup n’implique pas nécessairement de taper une nervous breakdown. Mais après une grosse période de disette, je suis pas mega sûre que tu sois si sage que ça (imagine la pression). Télématin TOUS LES JOURS, tu dois trouver un petit coté libidineux à William Leymergie (pour moi William c’est ça, aucun risque de méprise).

Sur dix ou vingt pages de photos banales
Bilan sans mystères d’années sans lumière

Quand revoilà la phrase QUI NE VEUT ABSOLUMENT RIEN DIRE DU TOUT !

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Du coup je commence à me demander ce qu’elle leur veut à ses pauvres bêtes…

Tout ça pour dire que le génie de JJG résidait surtout dans sa capacité à nous faire fredonner un truc auquel on ne comprenait quasiment rien, si ce n’est que cette chanson est plus ou moins un hymne à la lose.

4 Replies to “Génération perdue : Grandir sur du Goldman.”

  1. hello,

    il me semble que le titre c’est plutôt « la vie par procuration ».
    Sinon merci pour ce ptit moment de détente 🙂

    Mais si tu veux vraiment rigoler traduit les Beatles!

  2. Une vie de bobonne devant la télé, à lire Gala et à filer à bouffer à des pigeons idiots (doit y avoir un copyright dans ce bout de phrase, attention), à faire ceinture et à coudre des étiquettes avec les prénoms des gosses dans des bonnets qui donnent l’air con, voilà en réalité de quoi parle cette chanson: c’est la ménagère de moins de 50 ans. Voilà tout le génie de Goldman. Cibler le public, Etienne Mougeotte style…

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