RÉBELLION GÉNÉRATIONNELLE

Avoir 35 ans ce n’est pas dommageable aux yeux du monde (manquerait plus que ça)

Mais 35 ans, un divorce (bisous Mec), deux chats, un studio et une reconversion pro in progress c’est plein de promesses de diners entre amis des plus cocasses, de remarques désobligeantes et pire encore, de silences coupables et lourds de sous-entendus.

Tu arrives chez tes potes et c’est cool on t’a amené un mec célibataire (divorcé deux fois, deux enfants que multiplient deux pensions alimentaires) (si tu as vraiment la win dans ton cœur le mec a peut-être un panaris) (et un contrôle fiscal au cul). Sa calvitie est anecdotique parce que de toute façon tu es obsédée par son polo Celio.

Si le mec a pas d’humour, quand tu lui racontes que tu te lèves pas avant midi, que tu peux t’alimenter des semaines entières aux Trésors de Kelloggs en trainant en slop dans ta chambre de bonne, il demande à changer de place sans autre forme de procès « non mais c’est quoi cette dingue ??? » (je t’emmerde, moi j’ai tous mes cheveux).

Je vais te faire une confidence Lecteur, quand mes amis (que j’adore, au demeurant) ont eu l’indicible joie de pondre des côtelettes de 3,5kg (j’ai fait une moyenne) (je suis cette personne rigoureuse qui étaye son propos par des stats), j’en ai pas fait toute affaire  Je ne les ai  pas envié (je fais mes 9 heures de sommeil) (j’ai un périnée de jouvencelle), je me suis réjouie pour eux (j’ai presque esquissé un sourire c’est dire) (j’ai failli chialer à l’écho de ma meilleure pote)

Pourtant je savais bien moi, qu’on allait plus danser sur le banc du Truskel le jeudi soir et arriver au boulot avec l’eye liner de la veille, de l’Alka-Seltzer plein les poches.

Dans quelle dimension inter-sidérale, je devrais mater les internationaux de curling le samedi soir (je ne sais même pas si ça existe) au lieu de continuer cette vaste fête ? D’autant plus que crois-moi sur parole Lecteur, mes lendemains de fêtes sont drôlement plus rudes qu’auparavant (quand danser sur les bancs était une chose acceptable aux yeux de mes contemporains) par exemple quand je rentre j’essaie de voir à quelle célébrité je ressemble (souvent Paul Prébois et Alice Sapritch se tirent la bourre), et puis je ne vomis plus (à la place j’ai mal au foie).

« Oui mais on ne te voit jamais avec personne »

Déjà c’est pas vrai, ensuite quand vous me voyez avec quelqu’un, il est toujours « trop jeune », depuis quand flirter avec la trentaine c’est trop jeune? Nos parents à cet âge était déjà les heureux propriétaires de côtelettes d’environs 13kg que multiplie deux.

La vérité sur cette triste affaire, c’est que les mecs de mon âge sont soit mariés, soit divorcés (et moi perso je refuse d’écoper les ravages d’une union brisée, d’un Berlingo et d’un Labrador), soit chiants quand un dimanche sans pain (je ne sais pas mais la fantaisie doit se barrer avec l’apparition des premiers cheveux blancs). Quand je sors, ceux qui n’appartiennent à aucune de ces catégories sont plus jeunes (plus jeunes c’est entre 28 et 33 ans) (va pas t’imaginer que je tripote la nouille d’un ado) (en tous cas jamais personne qui m’ait sérieusement dit « c’est quoi Wayne’s World » ?).

Alors quand je suis avec quelqu’un ça ne va pas, mais quand je ne suis avec personne non plus en fait (d’où les chats) (les chats c’est ma caution affective) (les vibros c’est parce que chez  moi le hight tech, c’est une passion) (j’ai un Ipad et ça sert à rien, c’est pour dire).

 

Bon après avoir fait le point avec ma génération, il faut aussi le faire avec l’autre génération (la fameuse catégorie 28 – 33 ans). Parce qu’eux évidement, tout ça les dépassent un peu :

« Attends t’as pas de PQR ? Ni de PQ ?  L’angoisse ! »

Non pour moi l’angoisse c’est de bâcler un triste missionnaire (on peut envisager une levrette si pas trop bourrés) (épargnes-moi Lecteur le jeu de mot pourri qui te pends à la luette) dans des draps inconnus avec les « j’me lève tôt demain » pour s’excuser maladroitement de ne pas rester pour le café (où je me connais je n’aurais rien à dire) (je ne suis pas trop du matin) (matin où dois-je le rappeler, je ressemble alternativement à Paul Prébois et Alice Sapritch ?). Après je pense que je suis une personne trop désorganisée pour caler un PQR dans mon agenda (ce mois-ci, j’ai noté tous mes rdv pros sur une enveloppe vide) (enveloppe que j’ai mise à la poubelle par mégarde en faisant un simulacre de ménage) (autant dire que je suis pas prête de niquer).

Pour conclure (j’avais pas de ligne éditoriale, je me dis qu’une conclusion rendra tout cela moins abstrait), 35 ans c’est l’âge où tu te sens trop jeune pour faire un compromit avec une seconde main (la calvitie, les pensions alimentaires, les dimanches sans pain) et bien trop vieux pour envisager quoique ce soit avec un mec qui à l’age de ton petit frère.

Quand je pense que ma mère m’a toujours dit que 35 ans pour une femme c’était l’apogée de sa féminité. Moi perso, je bosse chez moi en pyjama, environ 20 heures par jour. Je crois que je suis tout simplement à mi-chemin entre l’apogée du pilou et celle d’Adobe.

Je file prendre mes gouttes.

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