La campagne ça vous gagne

Comme tu le sais Lecteur ce week end je suis allée à la campagne, en Normandie.

j’aimerais te donner quelques informations quand à la géolocalisation exacte de la demeure familiale des Durango, mais vois-tu, je n’ai pas la moindre idée du nom du hameau. Tout ce que je sais c’est que cela se situe approximativement entre Alençon et l’Enfer.

Déjà pour y accéder il faut prendre le train, je t’épargnerais les détails techniques pour transporter un chat retors de 8 kg à travers les dédales du métro parisiens (j’ai eu plusieurs fois envie de l’abandonner).

Ensuite tu prends un train de région (ça implique un peu que c’est pour aller dans une autre région, ça à l’air exotique mais ça fait juste peur)

Là tu es cerné par des gens qui, le train encore à quai entament leur casse-croute (pâté de foie à 8:03 je te maudis). Gaston-le-chat-obèse, qui décidément est plein de surprise, pense que hululer est sans doute le meilleur moyen de me venger des relents de pâté de tête.

Trois heures plus tard Gaston, mon sac de voyage (contenant l’équivalent d’un tiers de ma bibliothèque) et moi-même attendons patiemment les auteurs de mes jours avant que je ne sois dévorée par un sanglier (avec Gaston en amuse-bouche).

Sur le trajet ma mère me donne toujours des nouvelles du voisinage (3 pecnots dégénérés et consanguins dont j’ignore tout), c’est sympa ce petit moment mère/fille, je sens que c’est un moment privilégié.

Cette année, une vielle s’est noyée dans son étang et un type de 30 ans (un chasseur donc pas tout à fait un être humain) s’est pendu dans son abris de jardin. Joie de pouvoir se détendre au bon air de la campagne (si je vivais ici, peut-être que moi aussi je songerais à me supprimer) (c’est même quasiment sûr) (IL N’Y A PAS DE WIFI).

Chez mes parents les journées sont réglées par un truc : les repas. Je sors à peine de table qu’il faut déjà préparer le prochain repas. Si ça se trouve nous avons le même ADN que Koubiak.

A Paris je ne me nourris que de purée mousseline et de jambon blanc (je suis feignante) et ça c’est quand j’ai le courage de faire la vaisselle de mon unique casserole (je mange directement dedans, je suis TRÈS feignante). Ce qui a pour effet que je suis toujours en cours de digestion ( je dors beaucoup) (ce qui n’est pas sans nous rappeler le bio-rythme du nourrisson) (oui je mets plein de parenthèses d’affilées) (concept).

Quand je dors beaucoup je fais plus de rêves érotiques (remballe le sopalin, c’est pas non plus extraordinaire), et le dernier c’était avec Laurent Romejko (qu’est ce que je te disais). La vérité c’est qu’à la campagne j’en profite pour combler mes plaisirs coupables (regarder Des Chiffres et des Lettres + Questions pour un Champion), sauf qu’ici personne  ne se fout de ma gueule (Ici tout le monde s’habille chez Tex, manquerait plus qu’ils se foutent de ma gueule). Bref pour moi le fantasme s’apparente à Romejko ou Lepers. Mais Lepers à la peau du cou qui pendouille (ça me dégoute).

j’ai eu une discution plutôt animée avec un voisin-chasseur (un assassin quoi) à qui j’ai expliqué que globalement les chats n’étaient pas déceptifs et que les hommes oui. Que si c’était la fin du monde et que j’avais le pouvoir de sauver une vie (Tu noteras  le réalisme de mes exemples Lecteur) je choisirai Gaston plutôt que lui. Suite à cette entrevue, mes parents m’ont demandé de ne plus converser avec les voisins.

Outre ces désagréments, j’aime me promener dans la campagne. On imagine toujours des vallées enchanteresses à perte de vue et des petits oiseaux… Sauf que là il faut éviter les pièges à loups, ces abrutis de chasseurs et il pleut environ tout le temps… Sans compter que la plupart du temps je m’égare (rien ne ressemble plus à un taillis touffu qu’un autre taillis touffu).

 

Pareil, à chaque fois je pars avec en tête des idées de longues soirées de lecture au coin du feu.  Cette année, mes parents ayant condamné la cheminée, je trouve beaucoup moins de charme à lire devant un convecteur électrique (en plus ça je peux le faire en milieu urbain) (Là où il y a DU WIFI).

Bref, j’aime pas trop trop la campagne. J’aime pas trop trop aller chez mes parents. Ce que j’aime dans le fond c’est dire au détour d’une phrase dans une de ces soirées branchées (le bistrot du coin, plus anonyme tu meurs) « Je ne peux pas ce week end, je pars à la campagne… » en laissant ma phrase en suspend. Comme si tout était dit, tout ce qu’il y a d’aventureux et de fantasmagorique tenait dans cette simple phrase (en général personne ne m’écoute, je crois même que globalement les gens s’en battent copieusement la race de ce que je fous de mes week end) (ils ont bien raison, leurs vies ne m’intéresse pas non plus).

Voilà, je suis rentrée, j’ai maté des Hercule Poirot et je me suis fait les cuticules.