Toutes mes copines féministes vous le diront, je suis au feminisme ce que Carole Rousseau est à la télévision, la quintessence du rien.
Toujours est-t’il que mon sang n’a fait qu’un tour à la lecture de ma Timeline Twitter concernant un docu (que je n’ai pas regardé) de Sofie Peeters étudiante Bruxelloise Harcèlement de la rue.
En gros, les gens pensent que tout ce « battage » est disproportionné, le battage c’est les filles qui disent que ouais, on doit pas leur manquer de respect dans la rue (les sales petites catins) et que c’est relou d’être tout le temps sollicitée par les relous (les sales morues).
Et là je m’insurge. C’est pas un banal manque de civisme dans les transports en communs, ou un vol à l’arraché dont nous parlons. Non, c’est une atteinte à la dignité et au respect mais à l’unilatéral.
Ouais parce que j’ai pas souvenir d’avoir jamais entendu une meuf dire à un passant « Hey t’es charmant, c’est quoi ton 06 ? Hey tu me répond sale connard ! » et pourtant j’ai l’ouie fine.
Certains mec ne se sentent pas concernés, c’est normal ?
- Ils font peut-être partie de ces poètes qui t’abordent de la sorte dans la rue
- Ils n’ont rien remarqué de spécial (c’est sur si tu es avec ta meuf elle va pas se faire brancher sous tes yeux)
- C’est pas leur problème, on fait déjà chier pour l’égalité des salaires, on va pas en plus réclamer le droit de pas être traitée comme un bout de viande.
Là, on ne parle pas du détraqué occasionnel que le destin met par hasard sur ton chemin (un jour un type m’a « caressé » les cheveux dans le bus, plus creepy tu meurs). Non, on parle du fait que nous les filles (du moment où tes nichons poussent jusqu’à celui où ils rejoignent le centre de gravité, j’ai nommé tes pieds) on ne passe quasiment pas une journée sans entendre le fameux « Hey t’es charmante ! ». Ce « tu es charmante » anodin, un peu mièvre mais touchant serait accueillit le plus chaleureusement du monde (on s’en tape un peu en fait, mais bon) si le fait de décliner cette déclaration ne nous valait pas 3 fois sur 4 de nous faire assener d’un copieux « Sale Pute ».
Pour toi jeune pourceau aux cheveux gominés de Pento dégueu, dont la diarrhée verbale me donne envie de te faire bouffer ton casque Dr Dree voici quelques conseils avisés :
On est en 2012 Mec, c’est finit de mettre un coup de massue sur une femelle pour la trainer jusque dans ta caverne. Moi , quand je m’apprête à aller au ciné ou que je rentre du taf, j’ai envie de sucer personne (excepté mon mec, s’entend), j’ai ma journée dans les pattes et tu me saoules.
Ton compliment ne signifie pas nécessairement qu’en retour, la charmante demoiselle que je suis (et Dieu sait si je suis bonne) va se mettre à quatre pattes et ouvrir grand la bouche comme par enchantement. Je sais, la vie est une pute que veux-tu.
T’as pas lu Ronsard ? Non parce qu’en gros lui aussi voulait niquer et il y est parvenu à base de licences poétiques, un nouvel axe de réflexions peut-être ?
Dans la mesure où tu n’as jamais dû pecho grand chose avec cette tirade éculée et galvaudée à souhait, ma question est la suivante POURQUOI NE PAS CHANGER D’APPROCHE ?
Alors globalement oui, on vous casse sans doute bien les couilles avec « notre féminisme » (déjà ça commence mal, c’est notre combat à nous, vous, vous avez poney) mais imaginez-vous un instant qu’en plus de la violence quotidienne verbale ou physique, vous deviez subir une agression parce que vous ne vous êtes pas pâmés d’extase en entendant « Hey t’es bonne ! ». Je pense que ça vous péterait un peu les noix. C’est pas du féminisme, c’est envie d’avoir la paix.
En conséquence de quoi, merci de nous laisser râler et de nous épargner votre phylosophie comme quoi nous sommes juste des chieuses / paranos / cas isolés. Du coup j’ai une pensée émue pour vos congénères sympathisants. ces héros anonymes du quotidien qui parfois s’interposent pour dire « On ne laisse pas bébé dans un coin » « Laisse la jeune fille tranquille ». Pour les rares fois où c’est arrivé, merci les mecs, la vérités ça fait plaisir.
Je vous conseille de lire ça si ce n’est pas déjà fait. ça donne pas spécialement envie d’ouvrir un compte Twitter, en revanche ça fait perdre toute foi en l’humanité.
Et dans l’autre sens ?
« eh sale pute, t’es charmante »
tu crois que j’ai ma chance ?
Très exactement.
Vraiment.
(sauf que là, je vis en pleine campagne mais sinon: voilà.)
Ce discours serait parfait s’il ne visait pas une catégorie bien particulière d’individus qui ne font pas que subir l’exclusion économique mais surtout la misère sexuelle…
Une variante c’est toujours un peu plus d’originalité, tente tu me diras.
Je voudrais juste connaitre le pourcentage de réussite par curiosité.
Donc le fait de subir l’exclusion économique et la « misère sexuelle » justifie de traiter de cette manière les femmes croisées dans la rue? Il ne me semble pas que les femmes dans la même situation en fasse de même.
Il s’agit foncièrement d’un problème d’éducation.