La Californie #2

Je suis arrivée à SF par un beau jour (16°) (ressentis 2°) avec mes deux malles. J’ai récupéré mon chat dans un des couloirs de l’aéroport.

D’ailleurs je vais faire un petit intermède à ce sujet. Quand tu pars aux us avec un animal de compagnie, c’est limite si on te fait pas pisser dans un godet ou que tu doives signer un contrat avec ton sang. En gros : Ses vaccins doivent tous être à jour, il doit avoir un examen avec un constat en anglais signé par ton véto, la validité de ce bout de papier est de 4 jours maxi avant le départ. Il doit avoir une caisse homologuée avec des vis, un verrou (Mon chat il sait même pas où est sa queue alors de là à se la jouer Houdini pour ouvrir une cage…). Le chat doit avoir de la place soit 10 cm en haut et sur les côtés etc… Bref on te fait tellement chier que tu te demandes si tu vas pas abandonner l’objet de ton affection sur le bord de la route avant ton départ. Perso à un moment, quand le personnel de bord m’a un peu trop pété les noix sur le « oui il y a un verrou mais est-ce le bon? » J’ai failli me casser en leur balançant « Bon bah je vous le laisse hein, à la revoyure ». BREF, t’arrives à destination, sa cage est dans un couloir avec pas une âme qui vive à ses côtés, j’aurais tout aussi bien pu l’abandonner et prendre le caniche d’à côté. Ajouter à cela qu’on m’a JAMAIS demandé son carnet de santé (alors que cette histoire m’a tout de même couté une demi-couille), bref. Mon chat était là, il hurlait en langage fleuri « Espèce de grosse connasse, tu te fous de ma gueule? Qu’est ce qu’on fout là? J’ai faim et je me suis pissé dessus TOUT EST DE TA FAUTE! ». C’est animal me hait.

Q9xjuIL
Allégorie du chat au QI d’huitre au SFO

Je suis partie rejoindre mon mec chargée en mode Tonton du bled (Lé Lé La) avec mon humeur de chien et je lui ai bien fait payer.

Sur le chemin de l’aéroport à la nouvelle maison, j’ai regardé tous les paysages en me disant « bon bah maintenant c’est chez toi » mais pour être honnête tout ça ne m’a pas beaucoup parlé. Etait-ce parce que je m’étais levée à 5 heures du matin? Que le chat hurlait? Que j’avais passé 12 heures assise entre deux personnes qui faisaient le triple de ma circonférence (c’était pas plus confort pour elles)? Je ne sais pas, mais comme pour toutes les situations ou je ne sais pas comment réagir, j’ai tout bonnement fait la gueule (on a tous un don, moi c’est faire la gueule).

Ici tu n’as pas vraiment de petits appartements, du coup on s’est retrouvés dans une maison de 100m2 avec un matelas gonflable et Internet (parce qu’on est pas des bêtes). Autant te dire que le mot zen prend tout son sens dans 100m2. Le chat est directement parti dans le jardin, j’ai dû le croiser 3 fois en 7 mois, il ne me pardonnera JAMAIS (Du coupe je pense qu’il fait au moins aussi bien la gueule que moi). Alors oui tu vas me dire « Pauvre petit chose fragile dans ses 100m2, Mais c’est HORRIBLE » (Gervaise Durango à votre service), et je te répondrais que ouais je te propose de vivre un mois avec Internet et un matelas gonflable, deux assiettes, sans une thune et sans taf dans un endroit où tu ne connais personne, même dans un palais je pense que c’est RELOU.

CR_so_fuck_you
Je suis sûre que Gordon c’est mon chat                          (en version humaine).
Délicieuse créature s’il en est.

Les premiers jours j’ai lu à peu près tout ce qui existait en matière de « L’expatrié pour les débiles profonds qui s’y intéressent une fois qu’ils sont déjà sur place«  (un best seller), en gros ce qu’il en ressortait c’était que c’est normal de faire une dépression nerveuse et que globalement faut toujours positiver. EVIDEMENT j’ai décidé que la dépression ne passerait pas par moi, quelle ne fut pas ma déconvenue lors de mon premier après midi pyjama-chialade! Pourtant perso en 6 mois, j’ai fait quinze jours de dépression (vs les 6 mois préconisés par tous les témoignages), en pyjama dans l’appart vide, en buvant du vin à 15H30. Le reste du temps je me suis dis que dans le fond j’avais de la chance d’avoir autant de place, par exemple je pouvais faire la roue (et me casser le col du fémur au passage). La vérité c’est que c’est ultra sympa d’avoir une nouvelle vie, de nouveaux produits, une nouvelle culture. Ce qui est difficile dans le fond c’est de se dire que tu ne va pas au boulot tous les jours, que t’as pas encore de tissu social (perso je pourrais parler à une porte) (j’ai plein de portes dans ce 100m2, ce n’est pas un hasard) et surtout tu es loin de ta mère (danse de la joie).

Demain (ou plus tar, ou jamais) je te raconterais comment Skype m’a sauvé la vie.