Je suis dislexique et je t’emmerde

J’ai déjà parlé de mes nombreuses qualités (je ne tarie pas d’éloges sur ma précieuse personne). Outre mon angoisse de l’invisible, je suis atteinte de ce que l’on appelle une dyslexie ou alexie.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la dyslexie n’entraine pas nécessairement de troubles de la lecture (je m’en serais rendue compte, je lis beaucoup). En revanche elle peut avoir un impact important sur tout ce qui touche la perception de l’écrit.

En gros quand j’écris « Marion Cotillard a un Herpès vaignal » je lis « Marion Cotillard a un Herpès vaginal ». Je lis juste, mais j’écris mal (j’ai moitié raison en gros). C’est donc ultra compliqué de me corriger, puisque JE LIS L’ORTHOGRAPHE EXACTE.

Ce qui est drôle (drôle dans le sens où c’est inhabituel, et non hilarant) c’est que je suis tout à fait à même de corriger un quidam. La raison étant que la dyslexie est un problème neurologique (les informations qui sont traitées, ne sont pas exploitées sous la même logique) selon de récentes ethiologies (ça me fait bien plaisir d’être atteinte d’un handicap, moi qui passe des soirées entières à me foutre de la gueule d’Extra-Ordinary People). En gros je peux corriger (enfin si on veut,  j’ai une concentration équivalente à celle d’un poisson rouge) mais pas curer cette abominable tare (j’aurais l’air moitié débile toute ma vie).

Donc en vérité je vous le dit, non je n’ai pas le niveau scolaire d’une CE2, oui je me relis (et je trouve que j’ai une jolie petite plume, acerbe et maladroite), oui je suis déjà allée voire une orthophoniste.

Je crois que le point de rupture de mon combat contre la dyslexie s’est produit un soir où l’un de mes ex-chers et tendres me faisait des dictées le soir au lieu de … Tu peux pas test l’humiliation tant que l’objet de ton désir ardant n’est pas en train de te lire Le grand Meaulnes (#truestory) et de s’armer d’un feutre rouge pour mettre à mal tous tes efforts.

A mon époque (dois-je rappeler que j’étais présente lors de l’a rédaction  d’Hernani ?), la dyslexie existait déjà. Enfant, je suis allée une fois chez l’orthophoniste, outre le fait qu’il fut avéré que j’étais une droitière contrariée (je ne savais même pas que cela fut possible), cet entretien à fait ressortir une prodigieuse facilité à retranscrire de mémoire et une parfaite incapacité à reproduire de visue (je suis, au-delà de tout compliment, un être étrange pour mon plus grand malheur) (cela crée une telle distance entre vous et moi) (vous simples mortels). Mais point de dislexie (ce n’était alors pas encore la mode) (la même mode qui décréta que les enfants étaient hyperactifs) (alors que les enfants sont chiants et qu’en aucun cas cela ne nécessite une camisole chimique).

Du coup je me suis aperçue de ce handicap en Fac de Lettres. J’ai un peu maudit mes parents de m’avoir considérée toutes ces années comme un être inférieur voué à l’échec scolaire. Isl m’avaient pressentie caissière, je suis devenue Assistante) (caissière devant un ordi donc). Alors que soyons clairs, c’est le moment où jamais de dire que je suis partie de rien pour arriver au sommet à pas grand chose en définitive.

Aujourd’hui on emploi le terme de dyslexie à tort et à travers. chaque lapsus, chaque fourche languée est un état constant de dyslexie. Comme si chaque petit obstacle s’expliquait on ne peut mieux en y mettant un nom.

Sauf que non.

Quand je dis que je suis obèse, alors que je mesure 1,72cm pour quelque chose comme 60kg (il faut remercier mes géniteurs pour cette incroyable performance), ça ne fait pas moi une meuf obèse. Non, ça fait de moi une connasse qui n’a même pas idée de ce que vit le calvaire d’une fille qui est vraiment obèse.

Pareil, si tu es inattentif quand tu rédiges un pamphlet sur l’inutilité totale de la Triade Infernale (j’ai nommé Flavie Flamand, Carole Rousseau et Daniela Lumbroso), c’est juste que tu es une grosse feignasse, pas que tu es dyslexique (moi je suis les deux) (même joueur joue encore).

Le jour où tu devras faire corriger tous tes posts par des potes compréhensifs (mais néanmoins admiratifs par tant d’audace et de liberté avec la langue française), que tu devra Googleler à peu près chaque mots d’une phrase (parce qu’à force tu fini par te dire que tu ne sais tout simplement pas écrire ton  prénom tant tu es perdu), bah on prendra un café, c’est comme les végétaliens, ce genre de chose alimentent une conversation.

En revanche, lorsque sur Gtalk tu écris « Elle est bête à manger du fion » en lieu et place de « elle est bête à manger du foin » (bon bah déjà tu as une image mentale des plus cocasses), c’est le moment où jamais de montrer des ressources d’amour-propre et d’humour insoupçonnée jusque là.

Alors je sais, tu vas me dire « Oui mais moi aussi j’inverse des lettres quand je tape » ce à quoi je te répondrai bien que je n’en ai rien à secouer cure. Parce que c’est normal ces petites inversions. Pour ma part je dois donc gérer cette fichue dyslexie ET les fautes de frappe = CUMUL DE MILES.

Voilà, qu’on n’y revienne plus, je sais pas moi… Dites-vous que nous avons une sorte de langage codé !

PS : A 35 ans je galère toujours autant à écrire « Adjectif » et « Adminisitration » sans écrire « Ajdectif » et « Aldinistration »